Cet article a originalement été publié en 2011 sur notre ancien site web, J’aisoif.ca . Il est vieux! Mais on voulait vous le rendre disponible, au cas où ça pourrait intéresser certains. Nous espérons mettre à jour nos ressources sous peu. Merci pour votre patience!

JOUR 452

(vers la fin de la première partie)

Je me sens vraiment mal. J’ai l’impression d’avoir été trahie par la vie. Je me sens perdue, seule, et on dirait que mes idéaux ont volé en éclats. J’en suis venue à croire que notre façon d’aimer n’a rien à voir avec l’amour. En effet, si l’amour a des limites, s’il est fini, s’il impose des conditions, c’est possible que ce ne soit pas de l’amour. C’est fâcheux à bien des égards, car
le monde semble promouvoir l’amour sans pour autant que ce soit de l’amour. Le monde n’offre que de la merde, déguisée en amour. Les relations ne font qu’encourager un sentiment passager. Du moins, c’est le cas de la moitié de la population. Et qui peut dire que je fais partie de l’autre moitié, que certains qualifieraient de
« chanceuse » ?

Je veux l’idéal, mais je me suis laissée convaincre que l’amour n’est rien de plus qu’un sentiment conditionnel. Et le présumé caractère fini du potentiel de l’amour m’influence de toutes sortes de façons… Il en vient surtout à ne me procurer qu’un sentiment d’insécurité. Même si je suis dans une relation depuis plus d’un an (et la meilleure que j’ai connue jusqu’ici), j’ai cette petite voix derrière la tête qui me dit que l’amour finit toujours en déception. Que personne ne peut promettre d’aimer pour toujours.

Suis-je cynique ou réaliste ? Au jour 452, je ne saurais le dire.

Jour 001

(le commencement)

La journée d’aujourd’hui est comme toutes les autres. Je suis avec des amies dans un café en train de discuter avec nostalgie de relations potentielles. Certaines de ces relations offrent plus de potentiel que d’autres. L’enthousiasme nous a gagnées et on a l’impression d’être peut-être aux portes du printemps. Il y a dans l’air un désir – une soif, pour ainsi dire – d’aimer. De vivre le drame dont s’accompagne l’amour. On regarde un film de filles, au synopsis type : la fille aime le gars ; le gars n’aime pas la fille ; la fille se retire ; le gars réalise qu’il aime la fille ; le gars court après la fille ; la fille et le gars marchent main dans la main pour toujours. On discute ensuite du côté irréaliste du film, en se disant que

la vie n’est vraiment pas ainsi. Malgré tout, je sais que c’est néanmoins ce que l’on espère. Et l’espoir de voir cette soif intérieure être étanchée me pousse à vivre une journée de plus.

JOUR 352

(vers le milieu de l’histoire)

Toute relation, romantique ou non, semble comporter des conditions. D’une certaine manière, je désire encore voir apparaître le chevalier servant se précipiter à la rescousse d’une princesse qu’il ne connaît même pas. Pourtant, malgré mon optimisme, il me semble que toutes les relations aboutissent à un ultimatum. Un idéal du genre : « Un petit service en vaut un autre » ou : « Je t’aimerai toujours, à moins que tu me blesses, me contraries, (insérer ici un verbe négatif). »

La perspective d’aimer perd un peu de son verni, laissant derrière elle quelque chose de terni auquel j’ai du mal à donner un sens.

Il y a cette soif en moi, comme un trou dans un puzzle qui attend son dernier morceau ; tous les morceaux que j’ai essayés jusqu’ici font presque, mais pas tout à fait.

JOUR 500

(la fin du commencement)

J’en viens à la conclusion que, si j’ai cette soif, il y a deux possibilités : cet amour – un amour sans condition – existe réellement et peut être trouvé ou
il n’existe pas et je me suis leurrée en croyant le contraire. Voici ma pensée : comme on sait ce qu’une tasse vide peut contenir simplement en en regardant la forme, cette soif en moi me permet de savoir qu’il existe un genre d’amour infini. L’existence de la faim me prouve que la nourriture existe. L’existence d’un besoin d’air me prouve que l’oxygène existe.

Par ma conclusion, je réalise que je suis faite pour vouloir et désirer un genre d’amour qui existe, mais que je n’ai pas encore trouvé. Toutefois, si je suis ainsi faite, il se peut qu’il existe en moi une prise pour m’alimenter de cet amour et pour le transmettre également. Il suffit que je la trouve.

Si cette prise existe, il y a forcément aussi une source d’énergie qui fournit cet amour infini. Par contre, si tout l’amour que l’on a connu est fini, cet amour ne peut probablement pas provenir d’autres êtres humains.

Il se peut donc que je voie l’amour de la mauvaise façon. Si l’amour a des limites, si l’amour est fini, si l’amour impose des conditions, il se peut par conséquent que ce ne soit pas de l’amour. Cependant,

si l’amour est inconditionnel et immérité,
il se peut que la religion, avec sa version de l’amour – un ensemble de règles et de

décrets à suivre afin d’apaiser la colère d’une divinité particulière –, se trompe sur toute la ligne. Peut être que je ne suis pas obligée de bûcher et de travailler pour me faire aimer. Il me semble que, s’il existe
un Dieu infini, il m’a faite de manière à ce que, dans ma quête de cet amour infini, je me tourne vers lui, je me connecte à
lui et je vive une relation plutôt qu’une religion.

Ici, je décide que j’en ai assez des conditions que l’on m’impose pour que j’aie ne serait-ce que l’espoir d’être aimée. Je décide que je ne veux pas me fendre en quatre pour me considérer digne de me faire aimer d’un inconstant.
Mes vieilles façons d’essayer de gagner l’amour sont inutiles pour pacifier Dieu, car il m’a invitée à entretenir une relation bien meilleure ; il vaut tellement mieux savoir que j’ai été créée en vue d’une relation d’amour. Je sais que, par moi-même,
peu importe ce que je fais, je décevrai toujours les autres et Dieu. Mon amour est fini, car je suis un être fini, incapable de gagner cet amour en m’y efforçant. Voici l’assurance que j’ai : un Dieu aimant, qui est venu sur la terre en la personne de Jésus afin de mourir sur la croix, a rendu l’amour gratuit. En effet, Jésus, Dieu en chair et en os, est venu me trouver, apaiser la colère de Dieu et me donner ce que j’ai toujours désiré le plus: une relation empreinte d’amour avec un être infini.

JOUR 530

(deuxième partie : l’infini)

J’ai fait beaucoup de chemin depuis que
j’en suis venue à la conclusion qu’un Amour infini existe bel et bien et que tous ceux qui le veulent peuvent s’approcher de lui.
Le fait de se savoir aimé à l’infini, sans limites et indubitablement, change la vie. Croyez-
en quelqu’un qui a vécu ce changement.
Je suis loin d’être du genre à toujours voir le verre à moitié plein et, pourtant, relativement à l’amour infini, la cynique que j’étais s’est transformée en optimiste.

Je suis plus sûre dans mes relations finies parce que je sais être infiniment en sécurité. Ma soif d’amour, d’une certaine manière,
a été étanchée parce que je connais la fin

qui m’est réservée. Le Dieu fait chair s’est sacrifié pour moi, m’a poursuivie et a donné sa vie pour moi, afin que nous vivions heureux ensemble pour toujours.

Ma vie a-t-elle été parfaite ? Non. Ce
n’est pas toujours un conte de fées. Certains jours sont mieux que d’autres. Toutefois, le fait de me savoir profondément aimée de Dieu me procure une grande satisfaction ; et à mesure que j’approfondis cette relation, je me rends compte que, parce que cet amour infini se déverse continuellement en moi, j’en viens à aimer profondément à mon tour.

Le potentiel infini de cet amour ne m’échappe pas.