Les confessions d’un accro à la comparaison – Deuxième partie
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Cacher mon insuffisance à tout prix
Mon monstre de la comparaison est obsédé par mon image par rapport aux autres.
Ses attentes élevées me mettent la pression pour que je sois le meilleur, quelqu’un dont je peux être fier et que mes pairs vont admirer. Je détermine si j’ai réussi à répondre aux idéaux de mon monstre selon le respect que m’accordent mes pairs. Je ressens une pression intense de faire mes preuves et de me tailler une place parmi les personnes les plus talentueuses et ayant le plus de succès.
J’ai soif du respect de mes pairs pour mes talents, mon éthique de travail et mes réussites. Pour une raison quelconque, j’ai tendance à construire mon identité uniquement sur la base de mon image par rapport aux autres selon ces critères. Cela fait en sorte que mon sens d’identité est tumultueux et variable. Il semble que ce soit seulement lorsque je suis reconnu comme étant le meilleur que mon monstre de la comparaison est satisfait.
Je veux atteindre mes objectifs chaque fois. Je veux que mes pairs me voient comme étant le meilleur, quoi que je fasse. Mes insécurités sont encore plus évidentes lorsque je me surprends à m’inquiéter au sujet des critiques et des jugements de mes pairs. Je me surprends à réfléchir aux façons dont je peux plaire à tout le monde, ne voulant donner aucune raison aux autres de me critiquer devant moi ou dans mon dos. Par orgueil, je ne veux pas qu’ils voient mes péchés, mes faiblesses, mes erreurs ou mes manquements.
La confession me rend physiquement malade
Mon monstre de la comparaison a une telle emprise sur moi que mon corps recule de peur et je me sens littéralement faible lorsque je suis sur le point de confesser une faiblesse quelconque. J’ai entendu une fois : « La confession est bonne pour l’âme, mais mauvaise pour la réputation. » Cela semble assez précis dans mon cas.
Honnêtement, je suis frustré par mes péchés, mes faiblesses et mes limites et j’en ai honte. Je déteste y faire face et laisser toute autre personne entrevoir la profondeur de mon état brisé. Je me préoccupe grandement de conserver une image publique positive. Cela nécessite beaucoup d’énergie sociale pour y arriver. Je suis certain que les pairs que j’essaie d’impressionner me jugeront et me condamneront si je révèle mon côté sombre. Pourtant, lorsque je cache mon moi faible, sombre et pécheur, celui-ci demeure inconnu, non aimé et sans grâce.
Mais il y a des moments où ma conscience ne peut simplement plus cacher cette partie de moi et j’ai besoin de l’exprimer, malgré ses meurtrissures. Dans ces moments, mon monstre est exposé et il perd de son pouvoir. Voilà le paradoxe. Quand je ne confesse pas régulièrement ma faiblesse à des gens fiables qui m’aiment, mon monstre de la comparaison me tyrannise de façon incontestée et le cycle de frustration et de désespoir se poursuit.
Je me retrouve donc dans une perpétuelle lutte acharnée. Mon monstre de la comparaison me met la pression pour parler uniquement de mes talents et de mes réussites et pour dissimuler toute faiblesse. Ma conscience me convainc de parler avec intégrité au sujet de mes faiblesses.
La raison pour laquelle je convoite la scène
Comme j’ai mentionné dans mon article précédent, mon monstre de la comparaison envie ou critique spontanément mes pairs lorsqu’ils sont sous les projecteurs. Je pense souvent : « Je peux faire mieux qu’eux. C’est moi qui devrais être reconnu. C’est moi qui devrais être sur scène. » Mais pourquoi est-ce que je fonctionne comme cela? Quelles sont les croyances sous-jacentes qui me promettent constamment la satisfaction, mais en réalité me causent tellement de chagrin?
Voici certaines des fausses croyances qui nourrissent ma dépendance à la comparaison :
- Si on me donnait l’occasion de mettre de l’avant mes talents et mes réussites, cela calmerait toute insécurité en moi au sujet de ma valeur.
- J’ai plus de valeur que les autres si mes aptitudes sociales, mes talents et mes réussites sont supérieurs. Je suis un héros.
- J’ai moins de valeur que les autres si mes aptitudes sociales, mes talents et mes réussites sont inférieurs. Je suis un zéro.
- La louange et la reconnaissance des autres sont suprêmes, et l’obtention du respect de mes pairs m’assure une satisfaction durable. Il s’agit d’une preuve pour moi-même et les autres que je suis digne.
Je veux désespérément prouver que moi aussi je peux avoir du succès, porter des fruits, avoir de grandes victoires et tout faire sans le moindre effort.
Paradoxalement, lorsqu’il était à mon tour de monter sur scène, je me suis senti poussé à parler de mes faiblesses.
Voici ce qui s’est passé : notre équipe de campus locale avait organisé un débat auquel 1400 étudiants avaient participé. On m’a demandé de parler de notre succès à un rassemblement national.
Une fois sur scène, je me suis surpris à vouloir parler avec franchise. Au lieu de saisir cette occasion pour être la vedette, j’ai raconté l’autre côté de l’histoire : la fidélité de Dieu malgré l’anxiété et les inquiétudes que me causait l’événement.
J’ai fait part de mes faiblesses. J’ai expliqué que l’événement était plus grand que moi et que je tentais simplement de suivre ce que Dieu faisait. J’ai mis l’accent sur la grâce que Dieu a donnée à notre équipe pour y arriver. Je ne voulais aucunement m’emparer de la gloire qui revenait à Dieu. En ce moment-là, ma conscience a compris que ma soif de l’approbation des autres me laisserait vide et mon monstre de la comparaison a perdu son emprise sur moi!
Ce moment sur scène était décisif pour moi.
Je croyais auparavant que le fait de parler de mes réussites m’apporterait le respect durable de mes pairs. Avec leurs applaudissements retentissant encore à mes oreilles, je me reposerais dans la satisfaction de leur approbation. Au lieu de cela, j’ai pris un énorme risque en exposant mes insuffisances et j’étais surpris de découvrir que mon identité était plus au repos dans la grâce et la miséricorde de Dieu. L’obtention de leur respect pour mon succès n’était ni suprême ni durable. Leur approbation n’était que temporaire et elle dépendait de ma réussite ou de mon échec.
Un coup mortel porté à mon monstre
On dit que la vulnérabilité engendre la vulnérabilité et il semblerait que Dieu m’en demandait encore plus.
Une année plus tard, pendant un temps de partage libre devant l’équipe nationale, j’ai parlé ouvertement de ma dépression et de mon anxiété chroniques. J’ai parlé du fait que ce rassemblement national était pour moi le pire moment de l’année. J’ai décrit la manière dont mes insuffisances et mon dysfonctionnement étaient propulsés à l’avant et me rendaient plus déprimé et anxieux qu’à tout autre moment de l’année.
À ma grande surprise, j’ai fini par recevoir plus de mots de respect, de miséricorde et de grâce que dans les années passées quand je parlais de mes réussites. De nombreuses personnes ont dit qu’elles s’identifiaient à moi et des larmes coulaient des yeux de certains de mes pairs. C’était tout à fait le contraire de ce à quoi je m’attendais.
Dans le passé, je considérais la scène uniquement comme un moyen de faire part de mes réussites et d’obtenir l’approbation des autres, mais de plus en plus, je la vois sous l’angle de l’intégrité. Je m’en sers donc pour montrer également ma vulnérabilité et ma faiblesse.
Cela semble paradoxal? Oui. Effrayant? Oui. Mais plus je suis honnête au sujet de mon péché, de mes faiblesses et de mes limites, mieux j’apprends à me reposer uniquement dans la miséricorde et la grâce de Dieu. Et l’avantage additionnel est que j’ai aussi obtenu beaucoup de respect, de grâce et de miséricorde de mes pairs. Je croyais que je ne pouvais mériter leur respect qu’en parlant de mes réussites, mais en réalité, la paix et le repos sont venus quand j’ai ancré mon identité dans le pardon, l’acceptation et la valeur que Jésus me donne. Cette sécurité m’a donné la force de parler de mes faiblesses devant mes pairs.
La vulnérabilité avec les autres en me reposant dans la grâce de Dieu
Ma vulnérabilité a permis à un bon nombre de mes pairs de parler eux aussi de leurs insuffisances. Plus j’entends leurs confessions de péchés, de faiblesses et de limites, plus mon monstre de la comparaison perd de son pouvoir et, d’une façon quelconque, le fossé se rétrécit.
Ainsi, lorsque j’entends mon monstre dire des paroles comme « Voyons donc! Ressaisis-toi! », j’apprends à lui répondre comme ceci : « Je n’ai pas besoin de me comparer à qui que ce soit. Je n’ai pas besoin de m’efforcer à obtenir l’approbation des autres, et ma valeur ne dépend pas de mes aptitudes sociales, de mes talents ou de mes réussites. Mon repos et ma valeur durables se trouvent exclusivement dans la miséricorde et la grâce de Dieu qui me sont manifestées dans la mort de Jésus-Christ. Il me pardonne, m’accepte et m’accorde de la valeur lorsque je suis dans mon pire état. Je ne pourrais jamais mériter ce type de sécurité identitaire inconditionnelle. De plus, j’expérimente la miséricorde et la grâce que m’offrent mes amis. Je peux être honnête au sujet de mes péchés, de mes faiblesses et de mes échecs et donner la gloire à Dieu pour mes réussites. Je n’ai pas besoin de prouver que je suis celui qui réussit le mieux dans la vie. »
De petits changements progressifs
Avec le temps, certaines choses ont changé, d’autres non. Qu’est-ce qui n’a pas changé? Je n’ai toujours pas une vie parfaitement réussie. Qu’est-ce qui a changé? Même si mon monstre continue à me dire les paroles empoisonnées « Voyons donc! Ressaisis-toi! », leur pouvoir diminue. J’apprends à marcher et à parler selon la vérité, et je choisis de vivre dans la miséricorde et la grâce de Jésus et de mes amis.
De plus en plus, lorsque je suis tenté de cacher mes faiblesses, je les confesse à moi-même, à Dieu et aux autres. J’expérimente de plus en plus la grâce imméritée.
Lorsque j’ai soif d’applaudissements pour mes contributions, le Saint-Esprit me rappelle que je peux choisir de laisser reposer ma valeur et mon identité dans la miséricorde et la grâce de Dieu. Quand je suis tenté de croire au mensonge de mon monstre selon lequel je dois être parfait, je me rappelle que je ne le serai jamais. Seul Jésus a été parfait et c’est pour cela que je place ma confiance en lui.
La duplicité de mon âme
En conclusion, je considère ma dépendance à la comparaison un triste paradoxe.
J’ai consacré ma vie à aider les autres à découvrir Jésus et à le connaître. Je prie pour eux, je leur montre de la gentillesse, je converse et raisonne avec eux, je les persuade à trouver leur identité en Jésus et de se reposer dans son amour et son pardon.
Et pourtant, j’ai moi-même beaucoup de difficulté à vivre l’évangile et à l’appliquer à mes interactions avec mes pairs. Cela révèle combien je suis dépendant (et le serai toujours) de la miséricorde et de la grâce de Dieu pour mon identité. Je ne peux fonder mon identité que sur la manière dont Dieu me voit, et non sur mes aptitudes sociales, mes talents ou mes réussites. Dieu est tellement patient quant à mes progrès. Cela prend toute une vie pour que l’évangile transforme ma manière de fonctionner.
À quoi ressemble votre monstre de la comparaison?
Quelles paroles votre monstre utilise-t-il pour vous hanter? De quelles vérités dans la Parole de Dieu avez-vous besoin pour combattre votre monstre?
De quelle façon votre âme est-elle empêchée de recevoir la miséricorde et la grâce de Dieu et des autres?