La plupart des gens de chez moi ne comprennent pas pourquoi je suis encore au Québec ou pourquoi j’ai déménagé ici en premier lieu. Le Québec est si différent. De notre point de vue ontarien, les gens ici semblent si étrangers.
Mais pendant mes années d’études à l’université, j’ai entendu un appel à déménager ici que je ne pouvais pas ignorer. J’en avais eu le cœur brisé en apprenant que mes compatriotes étaient si peu exposés à l’Évangile de Jésus-Christ. J’étais exaspérée : pourquoi n’y a-t-il pas plus de gens qui le savent qu’il y a un si grand besoin ici même, dans notre pays?!
J’ai donc déménagé, et même si je ne suis qu’à 3,5 heures de route de la maison où j’ai grandi, j’ai parfois l’impression d’être à des milliers de kilomètres de là.
J’adore le Québec. Je suis fière du fait que mes enfants naîtront ici et qu’ils n’auront pas à relever le défi d’apprendre le français auquel je fais face. J’aime beaucoup vivre dans une ville bilingue dotée d’un milieu artistique et culturel dynamique. Je trouve cela amusant que les Québécois aient leur propre version de n’importe quelle série télévisée bien connue. Je suis fière qu’on réalise des versions anglaises de leurs films et non l’inverse.
Mais honnêtement, c’est parfois seulement le fait d’avoir été appelée qui me maintient ici. Des fois, c’est très difficile. Certains jours, j’aurais voulu être appelée à quelque chose d’un peu plus facile. Il est mêlant d’entendre différentes personnes me dire différentes choses sur la façon dont je devrais dire quelque chose en français. Il est embarrassant de faire constamment des erreurs de langue, de ne pas être capable de m’exprimer correctement ou de ne pas pouvoir exprimer ma personnalité comme je le voudrais. Je trouve cela étrange que peu importe le nombre d’années que j’habiterai ici ou jusqu’à quel point mes enfants seront québécois, notre nom de famille (et le fait que je porte le nom de mon mari) révèlera toujours que nous sommes les étrangers que nous sommes.
Mais je ne peux pas partir. La tâche est encore trop grande. La terre a encore besoin d’être travaillée; la moisson s’en vient, mais les ouvriers sont encore trop peu nombreux même s’il y en a de plus en plus. La vision de Québécois qui viennent à Christ et qui sont ensuite formés et outillés pour devenir des leaders de ministère, des anciens, des pasteurs, des professeurs, des écrivains et des influenceurs de toute sorte me remplit de joie et d’espoir.
Un jour!
Mais avant ce jour, les choses continueront probablement à être difficiles, même si, d’une certaine manière, elles deviendront plus faciles. Mon espoir se trouve en Jésus qui a connu beaucoup plus de souffrances au nom de l’Évangile que je connaîtrai jamais au Québec avec ce qu’il offre de sécurité et de liberté. Christ est mon exemple, car il a abandonné tout ce qui lui était familier en quittant le ciel pour venir sur terre afin de proclamer l’Évangile. Les sentiments d’être différent ou autre ne lui sont pas étrangers. Et peut-être que Jésus peut s’identifier à moi dans mon impression que les Québécois « m’appartiennent » d’une façon dont je n’appartiendrai jamais à eux.
Au congrès P2C+ 2010, Holly Sheldon a dit : « Il y a des endroits où tu ne veux pas aller, mais où tu aimerais dire que tu es allé. » Cette phrase est un rappel pour moi que même si c’est difficile, je veux honorer mon Roi en continuant à lui dire : « Oui, Seigneur. Je vais aller n’importe où, à n’importe quel moment, faire n’importe quoi, peu importe le prix, pour toi. »
Je ne regrette rien.