[Note de l’éditrice: Cet article a été écrit par Justin E. Chan. Il dirige PRAXIS, une initiative offerte en anglais par P2C-Students qui forme des personnes engagées dans la mission. Il aide les jeunes adultes à discerner la foi en Jésus et à intégrer l’évangile dans leur vie depuis 15 ans. L’horlogerie est une passion, la missiologie est le point central de ses études supérieures, et il aime regarder des émissions de design].

Connais ton contexte

En tant qu’étranger perpétuel, j’ai dû apprendre à communiquer dans différents contextes culturels.

Je suis né aux îles Fidji de parents chinois. Puis on a immigré au Canada, et j’ai été élevé dans un dépanneur de la vallée du Fraser. Je suis allé à l’université sur la montagne de Burnaby. J’ai commencé à exercer mon ministère au sein de la communauté mennonite de Winnipeg et, au cours des dix dernières années, j’ai travaillé sur l’île de Vancouver.

Peu importe où j’habite, l’Évangile est mon chez-moi sécuritaire. Je veux aider tout le monde à voir comment Jésus est fiable et pertinent. Alors j’ai dû m’améliorer dans ma façon de contextualiser l’évangile.

Chaque contexte a une culture et une histoire qui influencent la façon dont les gens vivent, ce qui affectent donc naturellement leur compréhension de Dieu et l’expression de leur foi. Tu ne vis pas dans un contexte homogène. Tu ne peux pas non plus avoir une approche uniforme pour parler de Jésus aux autres.

Qu’est-ce que la contextualisation?

La contextualisation adapte la communication de manière appropriée au contexte d’une personne. Il s’agit d’adapter l’Évangile pour que la personne qui le reçoit puisse le comprendre, sans compromettre l’essentiel du message de Jésus.

Le terme «contextualisation» signifie littéralement «tisser ensemble». L’Évangile et la culture peuvent être tressés ensemble afin que le message d’espoir qu’il apporte soit à la fois vrai et compréhensible. Il s’agit d’apporter l’Évangile, qui ne change pas, à un monde en changement.

Comment contextualiser l’Évangile?

Au fil des années, des transitions et de devoir m’adapter, je retiens quelques leçons sur la contextualisation de l’Évangile.

Les spécialistes de la contextualisation commencent par essayer de discerner où Dieu est à l’œuvre dans les quartiers, les groupes de personnes et l’histoire individuelle de chacun.

Une fois qu’on a une idée de ce que Dieu est en train de faire, par des actions, on démontre à la culture les vérités de Jésus d’une façon intelligible. Puis même temps, par les mots, on explique qui est Jésus en utilisant les réalités du contexte culturel de la personne à qui on veut présenter l’Évangile.

La contextualisation de l’Évangile a de multiples facettes et représente un défi. Mais dans la suite de cet article, je te donnes quelques éléments de base.

Adopte une posture d’écoute

L’écoute développe la compréhension, l’empathie et la confiance. L’Évangile est un message qui se comprend mieux quand on dialogue et dans l’apprentissage réciproque.

Lorsque les gens te partagent une partie de leur histoire, écoute les «bandes sonores» qui dirigent leur vie.

  • Comment s’appellent-ils eux-mêmes?
  • Qu’est-ce qui compte le plus pour eux?
  • Quelles sont leurs frustrations et leurs grandes questions?

Une fois, je me suis assis avec un étudiant qui m’avait envoyé un message avec des questions sur la spiritualité. Près de la fontaine Petch de l’Université de Victoria, je l’ai écouté me partager son point de vue sur le sens de la vie, son mécontentement vis-à-vis de la religion et ses rêves pour le futur. Vingt-sept minutes plus tard, dans un soupir de soulagement, il me confie: «Merci d’avoir compris. Je ne savais pas que les chrétiens pouvaient écouter».

J’ai fait le choix d’écouter. Je n’étais pas d’accord avec tout ce qu’il me disait. Mais, en écoutant bien, j’ai découvert les bandes sonores que cet étudiant écoutait: «Je ne suis pas le bienvenu, je suis incompris.»

Les bandes sonores résument comment une personne perçoit le monde, ce qui affecte son comportement. Apprendre celles qu’écoutent les autres te permettra de les aider à s’accorder avec Jésus. Tu pourras alors montrer de manière pertinente comment l’Évangile répond à leurs aspirations, leurs espoirs et leurs besoins uniques.

Apprendre l’histoire de quelqu’un

Les contextualisateur.trice.s écoutent et découvrent les bandes sonores de quelqu’un, mais tu devras aussi te demander : «Pourquoi se répète-t-il ces paroles? Pourquoi cette personne gravite-t-elle vers ces listes de lecture musicales particulières? «.

Pour bien écouter quelqu’un, tu dois aussi écouter son histoire pour connaître les influences culturelles qui ont façonné sa vie.

Par exemple, je suis le fils de parents immigrés. En grandissant, j’ai été confronté au racisme des petites villes, à des contraintes économiques et à la confusion ethnique, ce qui m’a obligé à être farouchement indépendant. Je pensais que le mérite, l’argent et la mobilité pouvaient me libérer de mes problèmes. Et donc, la bande sonore qui jouait en boucle pour moi était quelque chose comme «Je suis ce que je réussis».

Mais, à l’université, la pression académique, la honte culturelle et les préjugés ont remis en question mon identité. La chanson ne me faisait plus danser mais lutter. Je n’arrivais pas à donner un sens à ma vie.

J’avais besoin d’un.e bon.ne contextualisateur.trice pour m’aider à remarquer que je me répetait cette bande sonore. Pour moi, l’Évangile est une bonne nouvelle surtout parce qu’il donne un sens aux défis. Grâce à Jésus, j’ai le plaisir d’apprendre à travers les échecs.

Notre message évangélique est contextuel lorsqu’il aide quelqu’un à se défaire d’une fausse piste. La restauration de la bande sonore d’une personne ne se produit que par l’œuvre de Jésus. Il remplace la chanson qu’on se répète par les chants de Dieu, qui nous apportent sécurité, satisfaction et contentement.

Prend conscience des préjugés culturels

Chaque personne a un préjugé culturel – personne n’est culturellement neutre. Comprendre les points communs et les différences d’une culture différente de la nôtre nous prépare à parler et à vivre correctement.

Voici deux des nombreux aspects de la culture:

  1. Distance de pouvoir

La «distance de pouvoir» est ressentie lorsque le pouvoir social est inégalement réparti. Dans les cultures à fort pouvoir – comme en Chine, au Mexique, en Asie du Sud et au Moyen-Orient – la hiérarchie et l’inégalité du pouvoir sont considérées comme appropriées et bénéfiques. Les supérieurs ont la priorité et l’importance, tandis que les subordonnés doivent faire preuve de loyauté et de respect.

Dans les cultures à faible distance de pouvoir, les gens valorisent l’égalité et cherchent à éliminer les inégalités. Ils valorisent la démocratie et l’autonomie. C’est le cas au Canada où la distance de pouvoir est faible. Alors pour les Canadiens c’est facile d’oublier que certaines personnes reçoivent le message de l’Évangile différemment selon le niveau d’autorité perçu du contextualisateur.trice.

  1. Collectivisme vs individualisme

La majorité des cultures occidentales ont une vision individualiste du monde. Chaque personne décide de son chemin vers le bonheur, souvent sans tenir compte de l’impact qu’ils ont sur les autres. La vision du monde collectiviste reconnaît que chaque personne a un impact sur tous ceux qui l’entourent. Les collectivistes recherchent l’harmonie.

Il y a plusieurs années, j’ai animé une étude biblique sur le campus avec trois étudiants chinois. On a été changés ensemble, on a partagé des repas et étudié les Écritures.  Après quelque temps, l’un d’eux a voulu suivre Jésus.  Mais, comme les autres n’étaient pas prêts, il a attendu pour faire sa confession de foi, pour ne pas créer d’injustice ou perturber l’harmonie du groupe. Quelques mois plus tard, les trois se sont fait baptiser. La célébration fut une joie collective.

C’est important de comprendre la dynamique de groupe. Si je n’avais pas été conscient du besoin d’harmonie de ces étudiants, j’aurais pu accidentellement les éloigner de l’Évangile (et de leur culture) en leur demandant d’agir de manière plus individuelle.

Travaille en partenariat avec le Saint-Esprit

Pour t’aider à discerner où l’Évangile met au défi, approuve ou transforme une culture ou une personne particulière, tu devras constamment rechercher la sagesse du Saint-Esprit.

Je me souviens d’Elliot, un étudiant en droit. On avait pris le temps de s’écouter, de se plonger dans l’histoire de l’autre et on avait pris notes de nos influences culturelles. Après plusieurs mois d’écoute des bandes sonores répétées qui résonnaient dans les oreilles d’Elliot, j’ai pu voir comment l’Esprit était en train d’agir dans sa vie. Il avait surmonté de nombreux obstacles en tant que membre d’une minorité visible, et pourtant ses efforts, bien que gratifiants, le laissaient découragé.

Je l’ai invité à trouver sa paix dans une relation avec Dieu. Il a refusé. On a continué à en parler à plusieurs reprises avant les vacances. Puis, au début de la nouvelle année, j’ai reçu un texto d’Elliot: «J’ai lâché prise et j’ai laissé Dieu agir et je me sens soulagé.»

Je m’étais appuyé sur l’Esprit pour partager la vérité qui m’avait donné des idées pour bien contextualiser. Et j’avais offert un espace pour écouter et apprendre, et j’avais partagé le message biblique de Jésus avec audace et honnêteté. Mais en fin de compte, c’est l’Esprit de Dieu qui a guidé et convaincu Elliot et qui a transformé sa vie. C’est le Père qui attire les gens à lui. C’est Jésus qui sauve.

Pourquoi contextualiser l’évangile?

La contextualisation a des précédents. Dans la Bible, Daniel, Joseph, Esther et Paul ont partagé l’Évangile dans des réalités culturelles qui ne leur étaient pas familières.

Ça te donneras l’occasion de faire l’expérience de la grâce de Dieu. Souvent, le fait de partager l’Évangile d’une nouvelle façon te donne un nouvel éclairage, ainsi qu’aux autres.

C’est une bonne nouvelle. L’évangile est important pour chaque personne, car Jésus est la vie.

Lorsque ta foi n’est pas sensible à la culture, tu peux présenter un obstacle important à ceux qui pourraient autrement être intéressés. Un.e chrétien.ne empathique et conscient.e de sa culture apprend à s’adapter à diverses cultures sociales, géographiques et locales. Et alors, tu incarnes l’amour de Jésus pour tous.

Au sujet de l'auteur

P2C-Étudiants

Pouvoir de Changer – Étudiants existe afin de faire connaître Jésus dans les universités et les cégeps du Québec. Nous accompagnons les étudiants dans leur cheminement vers Jésus, les aidant à voir la pertinence de l’évangile pour toute la vie.