Depuis aussi loin que je me souvienne, les histoires ont toujours été ma passion. J’étais captivée par l’art de raconter, par la façon dont les récits prennent vie et par leur rôle essentiel dans la compréhension du monde qui nous entoure.

Alors que je finissais mon bac en études cinématographiques, ma passion pour les histoires m’a inspirée à commencer un blog dédié à l’analyse des narratifs dans les médias. Plonger dans les détails et découvrir de nouvelles perspectives sur des films ou des émissions de télévision me fascinait. J’aimais ce que je faisais et je voulais partager mes découvertes avec quiconque était intéressé.e.

Pourtant, malgré ma passion pour l’analyse des médias, un sentiment persistant me murmurait à l’oreille, me suggérant que, peut-être, ce n’était pas la meilleure façon de consacrer mon temps.

Un message douteux

Pourtant, pendant mes études universitaires, j’ai consacré la majeure partie de mon temps à écrire des essais sur les médias. J’ai réalisé de nombreuses analyses de scènes, parfois même image par image, pour mettre en lumière les significations subtiles, mais importantes présentes dans les textes et les vidéos que d’autres pourraient avoir négligées. En tant que chrétienne, j’ai ressenti que Dieu m’avait dotée d’un désir profond de rechercher ces détails et j’ai activement développé mes compétences pour devenir encore meilleure à communiquer mes idées.

Alors que je me plongeais dans l’écriture sur les récits, je voyais des thèmes qui représentaient la vie d’une façon simple. J’étais entourée de gens me conseillant sur comment réussir. Dans mon domaine, rien ne symbolisait le succès autant que la clarté de ma communication et la capacité des gens à s’y connecter.

Pourtant, quelque chose clochait. Bien que je ressente un certain succès dans ma capacité à communiquer clairement, le message sous-jacent de réussite insistait sur le fait que le plaisir seul ne suffisait pas. Il fallait que ce que je fais soit utile, rentable et soit compris par mes proches. Ce message implicite exigeait que mes actions aient un but défini et me mènent quelque part.

Je me suis surprise à penser que mon amour pour les histoires n’était qu’une passion éphémère, en attendant de trouver un véritable emploi.

Plus je progressais dans mes études, plus je ressentais mes options de carrière se restreindre. Je me sentais de moins en moins capable de mener une vie « réussie » en me reposant simplement sur mes passions. La réalité de la vie adulte commençait à s’immiscer et je ne comprenais pas pourquoi j’étais douée pour quelque chose qui ne semblait pas pouvoir me mener aussi loin que je le désirais.

Je voulais tellement réussir que cette obsession m’empêchait de réellement progresser et d’atteindre mes objectifs.

Ce message est en train de me tuer

Après l’obtention de ma maîtrise, j’ai pris la décision difficile de quitter le monde académique. Cette décision a probablement été l’une des plus difficiles que j’aie jamais eu à prendre. Une fois ayant abandonné le parcours vers le doctorat, mon désir d’analyser et d’écrire est devenu obscurci. Il me semblait inutile d’écrire sur les médias sans un diplôme ou une publication à viser.

En raison de mon éducation chrétienne, je savais au fond de moi que Dieu avait un plan pour mes passions et mes talents. Cependant, cela semblait être un plan lointain, une sorte de « ce sera important pour toi plus tard ».

Je n’avais aucune idée que Dieu me conduirait vers la période la plus incertaine et la plus difficile de ma vie. J’ai trouvé un emploi dégradant dans le service à la clientèle, loin de mes aspirations professionnelles. J’ai lutté contre une dépression intense et un sentiment de désespoir, vivant éloignée de ma famille et de mes amis, qui ne pouvaient que me réconforter à travers des écrans, n’étant pas certains si j’exagérais ma situation.

Ma joie d’écrire avait complètement disparu. J’ouvrais mon blog seulement pour fixer les statistiques, puis je le refermais en pensant : « Je serai bientôt en mesure d’écrire à nouveau. »

Pendant plus d’un an et demi, je n’ai rien écrit. Chaque fois que je disais aux gens que j’étais écrivaine, mais juste pas à ce moment, je ressentais un profond sentiment de deuil. Selon le message du succès auquel j’avais cru, j’avais doublement échoué : je n’avais ni carrière ni passion.

Découvrir un nouveau message

Alors que mon incapacité à écrire persistait, je devenais de plus en plus apathique. J’avais l’impression que mon unique talent, l’écriture, m’était retiré. J’étais plongée dans un processus long et épuisant de deuil de mon ancienne vie et de la promesse de succès pour laquelle j’avais tant travaillé.

Pourtant, alors que je pleure et laisse derrière moi cet ancien message, j’en découvre un nouveau.

J’apprends que j’ai de la valeur bien au-delà de ma capacité à réussir ou à échouer selon mes propres normes. Cette valeur découle de mon appartenance à Christ, qui est la fondation de tout ce que je peux éventuellement entreprendre.

J’ai de la valeur parce que j’appartiens à Christ.

Dans la Bible, un pasteur nommé Paul écrit à un groupe de chrétiens et a dit :

« Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ. » – Philippiens 1:6

Contrairement à ce que je croyais sur le succès, Paul ne parle pas de l’accomplissement personnel se produisant à travers mon travail ou mon écriture. Ici, le succès vient de ce que je serai à travers Christ — pas seulement mes réalisations ou mes habitudes, mais tout mon être.

Mon cœur est transformé par lui. Dans ce processus, je deviens plus semblable à Christ, plus sainte. Et cela vaut mieux que n’importe quel « succès » que j’aurais pu vouloir.

Faire confiance pour un prochain chapitre

Même maintenant, j’ai du mal à saisir pleinement la bonté de Dieu et à vraiment savoir qu’il a un plan pour moi. 

Je suis au chômage et confrontée à des journées vides remplies d’inquiétude. Le monde est compliqué, le réseautage semble infructueux et la plupart du temps je suis trop épuisée ou submergée pour faire quoi que ce soit. Mais, au fil du temps, je commence à être plus familière avec les plans de Dieu dans ma vie.

Dieu m’a donné la capacité d’écouter vraiment lorsqu’il a éliminé le message que je me racontais. En écoutant et en m’appuyant sur ce qu’il dit, je découvre de nouvelles façons d’aborder ma peur. 

Je m’efforce continuellement d’en apprendre davantage sur Dieu et de lui faire confiance. Je commence à voir des indices sur la manière dont vivre pour lui peut me procurer la satisfaction que je cherchais auparavant dans ma carrière et mes réalisations.

J’apprends à travers le doute et mes nombreuses réorientations que Dieu m’apprécie pour qui je suis et non pour les réalisations d’écriture à inscrire sur mon CV. 

C’est difficile. Mais je sais tout ce que Dieu a fait pour moi — et que je ne connais pas l’avenir.

 Mon histoire n’est pas encore terminée et cela me donne de l’espoir.

Au sujet de l'auteur

Victoria Berndt

Victoria est une rédactrice et éditrice affiliée à Pouvoir de Changer basée à Montréal. Elle détient une maîtrise en études cinématographiques grâce à sa passion pour les histoires. Elle aime cuisiner, faire du crochet et passer du temps de qualité avec son mari et son chat. Lisez davantage de ses analyses médiatiques sur https://thequotorium.wordpress.com