« C’est la période la plus merveilleuse de l’année! En tout cas, c’est ce que dit la chanson. La période de Noël est à nos portes, même si je ne sais pas comment décembre est arrivé si vite. J’essaie encore de comprendre où sont passés les mois de juin et de juillet. Pendant que je cherche mon temps apparemment perdu, tu peux accrocher tes bas de Noël près de la cheminée avec soin.

En parlant de bas de Noël, c’est quoi toutes ces traditions autour de Noël? Les sapins, les lumières, l’homme étrange habillé de façon plutôt éclatante qui rentre dans nos maisons et dépose des paquets dans nos salons? Quand est-ce que tout ça est apparu, et pourquoi? Comment tout ça fait-il partie de l’histoire de la naissance de Jésus? Beaucoup de choses à propos de Noël semblent mystérieuses, mais la plupart d’entre elles ont une histoire très simple et fascinante. 

Bonne fête, Jésus!

Même si on célèbre la naissance de Jésus le 25 décembre, personne ne connaît vraiment sa date de naissance. Certains membres de l’Église primitive pensaient qu’il était né au printemps à cause des bergers dans les champs. Les bergers étaient dans les champs de mars à novembre et, pendant les mois de pluie de l’hiver, ils n’auraient pas fait paître leur bétail. Clément d’Alexandrie (150-215 apr. J.-C.), père de l’Église primitive, soutenait fermement que Jésus était né en novembre (le 17 de l’an 3 av. J.-C., pour être exact).

Pourquoi avoir choisi le 25 décembre alors? La première fois qu’on voit quelqu’un célébrer la naissance de Jésus ce jour-là remonte à 354 après J.-C. par l’évêque de Rome. Il existe deux hypothèses pour expliquer le choix de cette date. La première est connue sous le nom d’hypothèse des religions. L’idée est qu’il y avait déjà quatre grandes fêtes romaines en décembre. Certains pensent qu’à mesure que le christianisme gagnait en popularité dans l’Antiquité, les convertis au christianisme réquisitionnaient les fêtes païennes qu’ils auraient normalement célébrées à cette date et les remplaçaient par une célébration de Jésus.

La seconde théorie est connue sous le nom d’hypothèse du calcul. Pour comprendre cette théorie, il faut savoir qu’au début du christianisme, on pensait que si l’on était vraiment saint, on mourrait le jour de son anniversaire. Cette idée a été calculée principalement parce que l’Ancien Testament relatait la vie d’individus tels que Moïse et présentait des chiffres ronds (sans ajouter de mois ou de jours) pour la durée de leur vie. Par exemple, dans Deutéronome 3:7, il est dit que « Moïse avait cent vingt ans lorsqu’il mourut ». L’homme le plus saint qui ait jamais vécu étant Jésus, on pensait qu’il avait dû mourir le jour de son anniversaire. L’Église primitive pensait que Jésus avait été conçu le 25 mars (à l’équinoxe de printemps – pour des raisons spécifiques que je n’ai pas le temps d’aborder), et en supposant que la grossesse de Marie ait duré neuf mois, elle se serait terminée le 25 décembre, au solstice d’hiver.

Détails flous

On a tous notre idée sur comment s’est passé le premier Noël. Malheureusement, nos idées préconçues viennent plus des chansons qu’on chante dans ce temps-ci de l’année qu’aux récits bibliques eux-mêmes. Par exemple, aucun des récits des biographies de Luc ou de Matthieu ne nous dit que Marie est arrivée à Bethléem sur le dos d’un âne, que l’aubergiste a refusé le couple dans le besoin (on nous dit juste qu’il n’y avait pas de place dans l’auberge), ou que l’accouchement a eu lieu immédiatement à leur arrivée. Il n’est pas dit qu’il y avait exactement trois mages (il y a trois cadeaux, mais le nombre de porteurs n’est jamais précisé), ni que les mages sont arrivés le jour de la naissance. En fait, le texte biblique donne à penser que les mages ont visités Jésus entre le moment où il était un nourrisson et ses 2 ans.

De même, d’après les preuves que nous avons de l’époque, l’étable dans laquelle Jésus est né ne ressemble probablement pas à notre image des étables modernes. L’endroit ressemblait possiblement à une grotte ou à un abri construit à flanc de colline. Des découvertes archéologiques datant de la fin du premier siècle avant J.-C. et du début du premier siècle après J.-C. montrent que la campagne de Bethléem était alors parsemée de petites grottes qui auraient abrité du bétail. L’église actuelle de la Nativité a été fondée au quatrième siècle par la mère de l’empereur Constantin, Hélène, sur une probable grotte à bétail de l’époque.

Et soyons puis honnêtes, une adolescente accouchant dans une grotte à côté du bétail n’a probablement pas connu la « nuit la plus paisible ».

Un arbre pour embellir la saison!

On pense souvent que la tradition de décorer sa maison avec un arbre pendant le solstice d’hiver à commencé avec les païens de l’Antiquité et du début du Moyen-Âge, mais c’est une invention. En fait, le réformateur protestant Martin Luther est considéré comme la première personne à avoir mis un arbre chez lui et de l’avoir décoré de lumières. L’histoire raconte qu’au cours d’une promenade hivernale, Luther a été fasciné par l’éclat des étoiles dans le ciel nocturne, peignant l’arrière-plan des forêts à feuilles persistantes. Pour immortaliser ce moment, on raconte que Luther a coupé et placé un arbre dans le hall principal de leur maison, en couvrant ses branches de bougies allumées.

À partir de ce moment-là, cette tradition est bien connue en Allemagne (et dans d’autres parties de l’Europe), mais c’est seulement au XIXe siècle qu’elle a été pratiquée en Grande-Bretagne. Quand la reine Victoria a épousé son cousin allemand, le prince Albert, la coutume a été introduite dans le ménage de la famille royale britannique. Dès lors, elle est associée à la royauté, et les familles plus aisées de la classe moyenne suivent bientôt la tradition pendant les fêtes de fin d’année. Le Canada, quant à lui, avait adopté la tradition juste avant, dans les années 1700, lorsque des soldats du Brunswick stationnés au Québec auraient décoré de grands sapins avec des bougies et des fruits pendant les fêtes de fin d’année.

Le vrai Père Noël

Le vrai saint Nicolas était l’évêque de Myre, situé dans l’actuelle ville de Demre, en Turquie, au IVe siècle. Pendant la persécution de l’Église sous l’empereur romain Dioclétien, Nicolas a été emprisonné. Après l’édit de Milan en 313 et la dépénalisation du christianisme dans l’empire romain sous l’empereur Constantin, Nicolas a été relâché et était même présent au célèbre concile de Nicée (mai-juin 325). Selon la tradition orale, quand le professeur hérétique Arius a nié que Jésus existe éternellement en tant que deuxième personne de la Trinité, Nicolas s’est levé et l’a frappé au visage. Mais bon, cette histoire relève plus de la tradition que de l’histoire et on ne saura jamais si le joyeux saint Nicolas a vraiment donné une volée aux hérétiques lors du premier concile œcuménique.

Au Moyen Âge, les enfants recevaient des cadeaux en l’honneur de saint Nicolas. À l’époque de la Réforme, pour détourner l’attention de la vénération des saints, Martin Luther distribuait des cadeaux la veille de Noël et disait aux enfants que c’était le « Saint Christ » qui les avait apportés. Dans sa langue maternelle, l’allemand, le « Saint Christ » se prononçait « Christkind » qui, des années plus tard, a été anglicisé et transformé en « Chris Kringle ». Plus tard, la tradition protestante finira par fusionner les titres de Saint-Nicolas et de Christkind, ainsi que le « Père Noël » britannique, en un seul et même personnage.

Le coeur de Noël

Noël, c’est le fun. Et même si la plupart de nos traditions et célébrations modernes n’ont pas grand-chose à voir avec la façon dont elles ont été commémorées ou célébrées à l’origine, ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. 

Mais ce qui rend Noël si spécial c’est ce qui se trouve au cœur de la fête. Noël n’est pas une date précise, des chants, des arbres et des décorations, ni un vieil homme barbu qui s’introduit chez nous pour boire du lait et manger des biscuits. Ce qui est au cœur de Noël, c’est aussi le point central de l’histoire: le Verbe s’est fait chair et a fait sa demeure parmi nous (Jean 1:14). C’est une saison qui s’intéresse plus à la Présence qu’aux présents. Car « nous avons vu sa gloire, la gloire du Fils unique, venu du Père, plein de grâce et de vérité… C’est de sa plénitude que nous avons tous reçu la grâce à la place de la grâce déjà donnée » (Jean 1,14b, 17).

À Noël on se rappelle le mystère étonnant et insondable: le Créateur de l’univers a voulu faire partie de l’humanité pour la sauver. La réalité de l' »Emmanuel » (mot hébreu qui veut dire « Dieu avec nous ») est le début inimaginable de la vie terrestre de Jésus, de son ministère, de sa mort et de sa résurrection. Un événement qui mérite d’être célébré jusqu’à, comme l’écrit l’apôtre Paul, « en attendant notre bienheureuse espérance, la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ » (Tite 2:13).

Au sujet de l'auteur

Wesley Huff

Wesley Huff est né au Pakistan et a passé son enfance au Moyen-Orient. Il travaille, écrit et parle pour Ultimate Questions, une initiative apologétique de P2C-É, et est actuellement doctorant en Nouveau Testament à l’Université de Toronto. Il aime le canoë, le tir à l’arc et les chats (mais pas les trois en même temps). Wes vit à Toronto avec sa femme Melissa et leur fils.