Imagine, ça fait treize ans que tu nages dans le but de monter sur le podium paralympique et de recevoir une médaille d’or pour l’équipe canadienne. Tu t’es levée tôt le matin pour te rendre au gymnase ou à la piscine pour t’entraîner. Tu as voyagé un peu partout dans le monde pour participer à des compétitions et te préparer, en donnant tout ce que tu as. Tu as persévérée malgré les blessures et une pandémie qui a bousculé tes rêves. Tu le sais que Dieu t’appelle à la natation et à être un.e athlète, mais tu es de nouveau anéantie quand, pour la troisième fois, tu n’es pas prise dans l’équipe paralympique.

C’est ce qui est arrivé à Danielle, une étudiante à Concordia atteinte de nanisme achondroplasie, qui partage son temps entre apprendre la linguistique et la théologie, et à s’entraîner au stade olympique de Montréal pour faire partie de l’équipe canadienne. Même si son histoire ne s’est pas passé comme elle l’avait prévu, elle voit quand même la main de Dieu et croit qu’il a encore de bonnes choses en réserve pour elle.

Pour qui nages-tu?

Quand Danielle a commencé à s’entraîner et à participer à des compétitions, elle était obsédée par son identité en tant que nageuse. Consumée par le désir d’impressionner les gens et de se donner en spectacle, la natation était tout ce à quoi elle pensait. Si elle avait bien nagé, elle était heureuse et pleine d’espoir. Si, au contraire, elle n’avait pas bien fait, elle se sentait nulle et découragée. Mais quand, quelques années après ses débuts, sa mère l’a fait asseoir, elle a commencé à voir comment sa foi et son sport pouvaient coexister ensemble.

Danielle raconte:

«L’un des meilleurs conseils que j’ai jamais reçu est celui de ma mère. Un jour, elle m’a demandé: «Pour qui nages-tu?» et je n’avais pas de réponse. Elle m’a dit : «Si tu nages pour quelqu’un d’autre que Dieu et toi-même, tu dois t’arrêter tout de suite». Puis elle a ajouté : «Danielle, tu es une enfant de Dieu, qui se trouve à être une nageuse.» Je me le repète encore aujourd’hui. Je suis une enfant de Dieu, qui se trouve à être une nageuse. Je suis une enfant de Dieu, qui se trouve à être une étudiante.»

La natation est une façon pour Danielle d’adorer Dieu. Ce n’est pas ce qu’elle est, de la même manière que d’être un.e étudiant.e, un chum ou une blonde n’est pas non plus notre seule identité. Si Danielle ne devient jamais une athlète paralympique, ce n’est pas la fin du monde parce que son identité en Christ ne changera jamais. C’est la même chose pour nous. Si je ne suis pas sur un podium, si je ne me marie jamais, ce n’est pas grave, car mon identité en Dieu ne change jamais.

Quand on ne porte plus toute son attention sur la façon que quelque chose nous sert, mais sur Dieu, on permet à cette chose de devenir un acte d’adoration pour lui. Tout ce qu’on fait peut être un moyen de glorifier Dieu. Colossiens 3:23 en parle : «Tout ce que vous faites, faites-le de tout votre cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes». C’est ce qui motive Danielle. Qu’elle participe aux jeux paralympique à Tokyo ou non, elle nage pour le Seigneur qui est heureux de voir son enfant utiliser les talents qu’il lui a données.

Pourquoi c’est important d’espérer, même si on n’obtient pas ce qu’on veut?

Mais qu’est-ce qu’on fait quand le manque de résultats immédiats nous laisse insatisfait.e.s? Quand on espère, qu’on fait confiance, qu’on croit qu’on est là où Dieu nous veut, mais que les circonstances ne sont toujours pas celles qu’on attendait… Est-ce que c’est possible d’espérer et d’être déçu.e en même temps quand ce qu’on espérait n’arrive pas comme on se l’était imaginé?  Danielle a quelque chose à dire sur le sujet :

«Ne t’excuse jamais d’espérer et de croire en ton rêve. Dieu nous donne des rêves non pas parce qu’il promet de nous donner tout ce qu’on veut, mais il nous donne des rêves pour nous montrer jusqu’où il est prêt à aller avec nous. Tu n’espères pas seul.e, et tes rêves ne sont pas une perte de temps.»

Ça peut être décourageant quand Dieu prend son temps pour réaliser nos rêves. Ça peut même nous faire douter:

Pourquoi Dieu permet-il à ces espoirs et à ces rêves de rester s’il ne va pas les réaliser?

Est-ce que j’ai mal entendu Dieu depuis le début?

C’est dur de continuer à espérer, à essayer, quand on ne voit pas les résultats qu’on veut. On veut voir Dieu nous emmener jusqu’au bout, et pas seulement nous montrer jusqu’où il est prêt à aller. Mais peut-être que (aussi cliché que ça peut être) le but est d’apprécier le chemin pour y arriver (ou peut-être plus important encore, la personne qui fait le voyage avec nous).

Peut-être que c’est à ça que ressemble l’espoir. Marcher avec notre Père céleste, le poursuivre lui et son cœur par-dessus tout. Continuer à le rencontrer pour savoir où il veut qu’on soit pour notre bien et sa gloire.

Danielle le dit ainsi :

«En tant que chrétiens, notre espérance est en Christ, elle n’est pas stagnante mais vivante. Regarde la résurrection, Jésus n’est pas mort mais vivant. On sait que les choses vont s’améliorer, que Dieu en sort vainqueur. C’est juste que ce n’est pas garanti que ça va ressembler à ce qu’on voulait. [Mais] pour garder cet espoir, je dois savoir que c’est ce que je suis censé faire. Est-ce que ça ne te tente pas de passer plus de temps avec la personne qui sait ce que tu es censé faire? Je sais que c’est là que Dieu me veut. Je ne vais pas arrêter de nager jusqu’à ce que ce soit Dieu me dise de le faire.»

En passant du temps de qualité avec Dieu, Danielle continue avec confiance à s’entraîner et à nager, même si les choses ne se présentent pas comme elle l’espérait.

Qu’est-ce que ça veut dire pour nous?

En 2020, la pandémie nous a appris ce que ça veut dire de voir ses plans modifiés, d’essayer d’espérer tout en laissant place à la déception et au chagrin. Peut-être que tu ressens cette tension; pour ma part, je sais que je l’ai ressentie à certains moments.

Je la ressens chaque fois que je décide de continuer à suivre Jésus, même si ma prière de guérison n’est pas exaucée comme je l’espérais. Quand je reste dans la ville où je me suis sentie appelée, même si l’adaptation à la vie là-bas est plus difficile que prévu. C’est prendre ma Bible alors que la dernière chose que j’ai le goût de faire c’est de passer du temps à la lire.

On peut louer Dieu dans la tension parce que notre espérance est vivante, grâce à la résurrection miraculeuse de Jésus. On sait que ça va s’améliorer, si ce n’est pas immédiatement, du moins dans ce qui est à venir. Ça ne change pas nos circonstances actuelles, mais ça peut nous aider à garder espoir.

Quand l’espoir nous surprend

Reprenons : imagine que tu es une athlète, dont les rêves de participer aux Jeux paralympiques ont été anéantis. Imagine qu’au cours d’une visite dans ta famille, tu reçois un appel t’apprenant qu’une coéquipière s’est blessée et qu’elle ne pourra peut-être pas aller à Tokyo. Tu retournes à Montréal pour continuer à t’entraîner, en attendant de voir si ta collègue athlète pourra y aller ou si tu prendras sa place, vu que tu es première sur la liste des remplaçantes. Tu passes des semaines dans cette attente, espérant que ton amie se rétablisse mais espérant aussi avoir la chance de participer aux Jeux paralympiques. Tu cherches à faire confiance à Dieu à travers ces montagnes russes d’émotions. Après des semaines d’attente, le coup de téléphone arrive: tu vas aller aux Jeux paralympiques!

Surprise! En raison de circonstances imprévues, Danielle est finalement allée à Tokyo et a participé à l’épreuve du 100 mètre brasse, représentant l’équipe canadienne. Et tu peux être sûr.e qu’on l’a encouragé jusqu’au bout!

Si son histoire t’a inspirée et que tu voudrais en savoir plus sur Danielle (en anglais) – qu’il s’agisse de natation, d’apprentissage du nanisme ou de ses cafés préférés à Montréal – tu peux regarder ses vlogs sur sa chaîne This Little Light ou la suivre sur Instagram (@dee_kisser).

Au sujet de l'auteur

Sarah Davies

Amateure d’histoire. Buveuse de café au lait. Disciple de Jésus. Elle peut se sentir chez elle à Ottawa, Copenhague et Montréal en une seule phrase. Elle pensait qu’elle finirait par travailler comme archiviste ou conservatrice de musée, mais elle passe actuellement ses journées avec P2C-Étudiants. Elle apprend à prendre la vie au jour le jour (ce qui est difficile pour une planificatrice). Chats > chiens. Vous pouvez la lire sur son blog personnel, en anglais, acuppeoftea.blogspot.ca.